dimanche 15 juillet 2012

Les Toqués de retour sur terre


Vendredi 13 juillet 2012, un an quasi jour pour jour après avoir
quitté la France, nous en avons franchi de nouveau la frontière, dans
l'autre sens, nous jetant dans le flot des voitures et camping-cars
qui en arpentent les routes. Ce week-end de grand départ est celui de
notre grand retour.

Nous ressentons ce sentiment étrange qui nous pousse à nous demander
si toute cette histoire a bien été réelle, si nous n'avons pas
rêvé ces 12 derniers mois.
Il est impossible de résumer cette année et inutile puisque vous avez
été si nombreux à nous suivre.
Vous trouverez ici notre palmarès familial, réalisé par Ulysse,
schématique et très lacunaire (le palmarès pas le fils !) mais qui
nous a permis, le temps de le coucher sur le papier, de revivre
quelques épisodes de notre épopée. Et quelle épopée ! Vous verrez
que si nous nous accordons dans les grandes lignes, chacun a ensuite
ses souvenirs et sa propre expérience du voyage.
Ce voyage aura sans aucun doute été plus fort que le premier.
N'étant plus confrontés à la découverte de la vie de nomades et
d'overlanders, nous avons pu savourer pleinement l'aventure.
Il a été plus long, plus froid, plus chaud, nous sommes allés plus
au Nord et plus à l'Est, plus haut et plus bas, avons eu plus de
galères, plus de religion (trop), plus de surprises, il a été plus
culturel aussi, plus varié, nous avons fait plus de rencontres.
Évidemment nous l'avons fait avec plus d'enfants mais aussi avec des
enfants plus grands.
Nous avons plus de plaisir à rentrer mais aussi plus de réticences.
Toutefois ce retour, par la mer avec nos compagnons-voyageurs, et par
la terre ensuite, se fait plus en douceur aussi.
Nous avons eu l'impression d'apprendre beaucoup et de ne pas nous
couper du monde, sans doute parce que certaines des civilisations que
nous avons découvertes, ont une histoire commune avec la nôtre. Je
crois que nous revenons plus sages, plus lucides plus conscients que
jamais des enjeux du monde et de ses faiblesses, plus conscients de
notre ignorance et de nos faiblesses, mais toujours aussi Toqués, peut-
être un peu plus.

Alors avant de conclure ce blog, de replonger dans la vie sédentaire
et de relever de nouveau le défi du quotidien, nous voudrions adresser
quelques remerciements.
D'abord un grand merci à Ulysse, Rachel, Gaspard et Léon nos 4
moussaillons. Leur enthousiasme n'a pas faibli une seconde durant ces
douze mois. Dans les moments difficiles, leur optimisme et leur bonne
humeur nous ont portés. Ils se sont intéressés à tout, n'ont craint
ni le chaud ni le froid, ni les épices d'Arabie ni le gras de Mouton
de Mongolie, ni les heures d'attente ni les changements de programme,
ni le chant des muezzins ni la musique ouzbeque, ni le tchador ni la
kippa. Ils ont supporté l'impatience de leur professeur et les coups
de gueule de leur chauffeur. Ils ont travaillé comme des champions,
autonomes et rapides ils ont bouclé leur programme et joué les
prolongations (presque) sans rechigner. Ils ont beaucoup appris et
énormément donné. Nous avons fait ces voyages pour eux et avec eux
mais je crois surtout grâce à eux.
Merci aussi à nos familles dont nous louons le soutien logistique,
informatique, administratif, moral, matériel et dont nous avons
parfois mis les nerfs à rude épreuve. Pour vous consoler dites-vous
qu'il y a de fortes chances pour que nos enfants nous jouent quelques
tours de ce genre un jour...
Merci à tous ceux que nous avons rencontrés durant cette année.
Voyageurs au long cours ou à court terme, hôtes d'un jour ou de bien
plus, merci à tous ceux qui ont partagé un bout de route, de pain, de
joie ou de galère avec nous. Plus que jamais ce sont les rencontres
qui nous ont marqués, parce qu'elles ont parfois été décisives et
toujours enrichissantes.
Merci Marc, Augusta, Philipp, Elios, Hamu, Alexei, Corinne, Julien,
Victoire, Mathis, Mission Possible, Seb, Elo, Tatiana, Jo, Sofia,
Claudio, Camille, Alexandre, Alexandra, Andrei, Lila, Aurelient,
Emmanuelle, Caroline, Serge, Adele, Eugenie, Gustave, Josephine,
Caroline, Philippe et les enfants, Annabelle, Julie, Quentin, Maxime,
David, Lila, Andrei, Nastia, Anja, Elena, Ania, Sofia, Tatiana,
Mickael, Alex, Anja, Cristina, sœur Rosarius, sœur Maria-Stella,
Marc, Tania, Aidan, Daria, Gerault, Stefen, Maryse, Georges, Kripa,
Ilingo, Ichan, Jean-François, Sarvar, la famille de l'Hôtel de Khiva,
l'équipe du parking d'Ashgabat, Mohamad, Roxana, Hashem, Sam, Bernd,
Barbel, Peter, Sabine, Amer, Sahid, Bernard, Pitoy, Pascal, Nathalie,
Jacques, Odile, Dominique, Juliette, Anne-Laure, Sebastien et leurs
enfants, Alex, Delphine, Ninon, Felix, Louise, Julien, Dona, Maia,
Ella, Eva, Peter, Patrick, Marine, Victoria, Roxane, Cassandre,
Laurent, Marie, Louis, Mathilde, Gabrielle, Fanny, Nicolas, Aram,
Melinee, Daniel, Karine, Gad, Eli, Dove, Jonathan, Yaël, Ilan, Samuel,
Aviva, Pascale, Vincent, Ilse, Klass, Jors, Lena, Tobias... Et tous
les autres. Nous espérons que nos routes se recroiseront.

Merci à vous, hypocrites ou affichés lecteurs, nos semblables nos
frères. Merci de nous avoir obligés à coucher sur la toile nos
impressions et souvenirs. Merci de nous avoir soutenus, encouragés,
aidés. Merci à tous ceux que nous ne connaissons pas et qui nous
laissent parfois de petits mots ou nous envoient des mails. Merci
également à tous les discrets silencieux ou anonymes.

Et surtout un grand merci à tous ceux de nos amis et de nos familles
qui nous ont écrit, plus ou moins régulièrement, à ceux qui nous
ont ravitaillés en photos, en potins, en livres, en cadeaux, merci à
vous tous grâce à qui nous avons envie de rentrer pour le simple
(mais immense) plaisir de vous retrouver.

Ulysse adore cette citation : "Patria est ubicumque est bene" : la
patrie c'est partout où on est bien. Je n'en ferai pas ma devise.
Nous avons été bien, très bien même, dans de nombreux endroits,
mais ce que nous retenons de ces voyages c'est surtout que notre
patrie c'est l'Europe et la France en particulier, parce que c'est
chez nous que nous sommes vraiment bien.
Nous adorons l'aventure, nous adorons voyager, sortir de nos
habitudes, découvrir celles des autres, essayer de comprendre le monde
en allant nous y frotter, nous y piquer un peu aussi.
Nous sommes conscients de l'imperfection de la France, de ses défauts
de ses problèmes et du chemin à parcourir pour avancer dans le bon
sens, mais nous n'avons pas envie de vivre ailleurs.
Nous sommes heureux d'élever nos enfants dans un pays laïc. Nous
sommes fatigués et excédés par ces états religieux dans lesquels la
religion régit la vie et les esprits. Je le dis d'autant plus
facilement que je suis moi-même assez grenouille de bénitier à mes
heures. Pour autant je demeure plus attachée à la laïcité que
jamais.
Nous sommes heureux d'élever nos enfants dans un pays où notre fille
a les mêmes droits que ses frères, où les femmes peuvent travailler
et avoir des enfants ou ne pas en avoir ou ne pas travailler. Un pays
où nos enfants peuvent aller à l'école, faire des études, se marier
avec qui ils le souhaitent, quels que soit l'origine, la famille, la
religion ou le sexe de l'élu, ou ne pas se marier, et surtout mener la
vie qu'ils souhaitent sans se cacher ou risquer pour cette vie.
Nous sommes heureux de vivre dans un pays en paix, où les armes sont
interdites, et aussi de nous sentir si proches de tous nos voisins.
Heureux d'avoir le droit de prendre notre camping-car, de tracer la
route, et de franchir toutes les frontières du monde.

Alors encore une fois préparez-vous à tout nous raconter, à nous
présenter les bébés et les nouveautés, et à nous donner des coups
de pied aux fesses dans les moments de blues.

Tremble Hexagone car plein d'usage et déraison, les Toqués rentrent
de nouveau à la maison, vivre entre leurs parents le reste de leur
âge (ou presque...) !

vendredi 13 juillet 2012

Fin du journal de Bord des Toqués en Mediterranée


lundi 9 juillet, J4

Gemlik, Turquie
Grand soleil, chaleur
Capitaine invisible

7h55 : au petit déjeuner nous apprenons que nos laisser-passer sont
prêts, nous pouvons descendre jusqu'à 15 h !
9h30 : nous quittons le navire. 3 taxis nous attendent.10h00 : arrivés en ville, notre instinct nous conduit... en bord demer. Longue promenade, les enfants courent, se baignent dans un coindu port.
12h00 : nos estomacs réglés comme des horloges crient famine. Énorme averse, la première depuis très longtemps pour nous tous. Gaspardrâle et pleure "Je n'aime pas la pluie !" Étonnée je lui demande ce qui lui arrive : "Il pleut ça m'énerve, je n'aime pas la pluie. Et
puis à Biarritz il va pleuvoir beaucoup plus, je ne veux pas
rentrer !!!". Ce n'est pas tout à fait gagné pour notre globe-
trotteur...
13h30 : nous terminons notre déjeuner, les turcs sont toujours aussi
sympa.
Nous partons chercher des wifis, quelques victuailles de première
nécessité (bonbons, bières, pipas), des balles pour le Baby-foot
(obsession des enfants depuis le matin)
14h30 : nos "taksi" sont là, retour au port. Retour à bord pour la
plus grande joie de Gaspard qui ne veut pas rentrer mais adore cette
traversée.
Les ponts de notre bateau se sont remplis de voitures neuves. Léon ne
cesse de s'interroger à ce propos.
15h06 : siestes, observation des alentours, tri des photos, journaux
de bord, posts pour les blogs...
17h16 : je réveille Léon, le dîner approche. Les enfants jouent dans
le "saloon" (notre petite communauté commence à avoir sa langue
propre, anglo-germano-franco-néerlandais)
18h00 : pâtes au gorgonzola + tomates-mozarella + poisson-aubergines+
fruits.
18h47 : les enfants jouent calmement dans le saloon, zi calmement que
Rachel s'ouvre sous le menton...
18h50 : le capitaine en second et un autre officier viennent la
soigner dans l'infirmerie. Elle est courageuse et rigole malgré tout
parce que le "commandante-dottore" nous offre un spectacle digne de la
commedia dell'Arte. Mol aventurière est soignée à la sauce marine.
Le capitaine vient ajouter son grain de parmesan. Pas triste.
L'incident est aussi consigné dans le
Livre de bord alors on est fiers !
19h25 : nous avons trouvé une balle correcte pour le
Baby-foot : après avoir testé les balles de ping-pong et les balles
rebondissantes il semblerait que la mieux soit le cochonner d'un jeu
de pétanque. Ouf, le grand tournoi peut commencer. Nos équipes ont
des noms, des cris de guerre, des tenues, c'est du sérieux.
Le capitaine qui est devenu notre meilleur ami nous annonce que demain
nous pourrons aller voir le moteur. J'en suis folle de joie vous vous
en doutez. Enfin on pense avoir compris ça parce que nos officiers
italiens ont un anglais assez incompréhensible.
20h30 : A notre tour de montrer une sélection de photos de notre
voyage aux copains. C'est drôle de voir en une heure toute cette
année défiler. Que de bons moments, que d'aventure...
21h42 : nous sommes tous épuisés après cette journée de folie.
Certains décident de tenter de se lever la nuit pour voir le passage
dans le canal de Corinthe... Affaire à suivre.

Xtophe et Vincent ont passé une partie de la nuit sur le pont,
n'arrivant pas à dormir, ils ont suivi la progression de notre bateau
sur l'Ipad.
De mon côté, après avoir terminé un nouveau roman, j'ai été
réveillée par des mouvements du bateau et ai commencé à me faire
des plans d'evacuation du navire. Je suis au point.

Mardi 10 juillet, J5

Eaux territoriales grecques.
Nous sommes de retour en Europe.
Grand soleil, petit brouillard. Mal de mer pour Xtophe.
Très bonne humeur du capitaine ce qui rend les choses compliquées :
il nous parle beaucoup et nous ne comprenons rien à son anglais.

8h00 : petit dej, très bons biscuits.
9h15 : Ecole. On fait durer le plaisir. Rachel termine son cahier de
devoirs de vacances, Ulysse termine son 2nd livre de latin et fait des
maths sur l'ordi, Gaspard doit terminer son fichier de maths et fait
un cahier de vacances.
10h15 : recréation, le tournoi de Baby-foot se poursuit. Nous
remarquons que l'eau est désormais d'un très beau bleu-marine.
11h00 - 11h20 : fin de l'école pour Gasparov.
12h00 : spaghettis aux courgettes + saumon + poivrons farcis + fruits.
Tv + officiers en forme = brouhaha terrible au mess.
13h : manches du tournoi de Baby-foot
13h30 : voyage au centre du bateau pr quelques uns d'entre nous
(adultes), visite des moteurs, machineries et autres, impressionnant !
14h00 : sieste, Narnia (en anglais, ce séjour sur le bateau est un
vrai séjour linguistique pour les enfants), lecture sur le pont
16h30 : activités très diverses telles que... Lecture, Baby-foot,
informatique, tri et sauvegarde de photos, montages de films etc.
17h08 : le capitaine en second nous explique que nous pouvons
descendre à Ravenna, car notre bateau a pris du retard et nous ne
serons pas à Montfalcone avant le 16 juillet. Ça ne change rien
niveau distance pour nous, adjugé, nous arriverons a priori le 12 au
soir ou 13 au matin.
Gaspard pleure : il voulait rester plus longtemps à bord.
18h00 : à table ! Pâtes à la sauce tomate + salade de pommes de
terre et thon + bœuf-salade + fruits.
18h37 : au micro le capitaine annonce quelquechose en anglais. Les
officiers présents nous traduisent : nous changeons d'heure ! Nous
voici à l'heure européenne.
Donc 18h30 : les plus serieux d'entre nous jouent déjà au Baby-foot,
les autres filent, le capitaine arrive !
19h30 : projection de photos de nos amis hollandais
21h00 : les enfants vont se coucher
22h00 : certains d'entre nous les suivent, les autres vont admirer les
étoiles sur le pont.

Mercredi 11 juillet, J6

Soleil, chaleur, mer calme.
Humeur du capitaine : exécrable.
Xtophe a toujours le mal de mer.
Nous sommes dans la botte de l'Italie.

8h00 : petit dej, bien agréable de gagner une heure de sommeil , Leon
et moi en profitons jusqu'au bout. Dès que les quelques officiers qui
dejeneunent en même temps que nous quittent la pièce, nous éteignons
la tv. Mais nous apprécions toujours autant la dame-météo en
uniforme et les jeux débiles avec potiches à moitié nues.
9h00 : Ecole. Ulysse rentre les résultats de notre palmarès du voyage
dans l'ordi, sous forme de tableau excell (je vous jure, il est
bizarre !). Rachel a terminé son cahier de devoirs de vacances.
Gaspard attaque les dernières pages de son fichier de maths.
10h00-10h45 : recréation... Ça sent la fin de l'année ! Léon
s'interroge toujours :"Pourquoi voitures partout sur notre bateau ?".
11h00 : fin de l'école pr les Toqués. Gaspard m'avoue qu'il est quand
même heurux de rentrer, ouf.
12h00 : pâtes à la viande + poisson + bœuf à la sauce tomate et
pommes-de-terres- hariots vers + fruit. (le tout toujours arrosé d'une
boisson gazeuse au choix ou d'une mini bouteille de vin blanc) + café
toujours italien, toujours très bon.
13h30 : sieste, lecture (5eme roman de la traversée pr moi), jeux pr
les enfants.
16h00 : réveil des troupes, les copains hollandais ont un a priori
contre Harry Potter, nos enfants se font un devoir de les convertir
(par le bais des films d'abord). On ne rigole pas avec ça.
16h06 : je tiens le journal de bord sur le pont, terres en vue, les
bateaux se multiplient et l'équipage sort les téléphones portables,
on approche...
16h20 :  tous sur le pont : des dauphins jouent avec le bateau !
18h00 : soupe de légumes et pâtes + pizza + steak grillé-concombres
+ fruits
19h15 : le capitaine vient offrir des puzzles aux enfants et nous
demande ce que nous faisons là, il a du mal à comprendre nos
histoires de voyage !
19h30 : Baby-foot, coucher de soleil
20h30 : film de Lena et Tobias, superbe !
21h00 : les enfants vont se coucher
22h00 : les grands aussi

Encore une excellente nuit pour Therese, encore une mauvaise pour
Xtophe. On a le pied marin ou on ne l'a pas. Etonnament c'est moi qui
redoutais cette traversée car j'ai peur de la mer et n'aime pas le
bateau en plus d'avoir l'estomac fragile.
Et finalement je n'ai pas eu peur et n'ai surtout pas du tout été
malade contrairement à mon pauvre vieil époux fragile... Seul
symptôme etrange me concernant : j'ai bu des litres d'eau et suis sans
cesse assoiffée. Mais je me demande si ce n'est pas surtout dû à la
qualité de nos repas...

Jeudi 12 juillet J7

Remontée des cotes italiennes
Beau et chaud
Capitaine de bonne humeur

8h00 : petit dej écourté par une alarme tonitruante que personne ne
semble pouvoir éteindre.
8h45 : dernier jour d'école ! Rachel s'occupe de Léon, lui dispensant
des cours de danse dans les couloirs (munis de barres c'était trop
tentant), Ulysse termine son tableau Excell et Gaspard boucle son
fichier de maths. Ouffffff
10h00 : recréation
11h : Grandes vacances !
12h00 : melon-jambon d'Aoste + lasagnes + bœuf à la sauce tomate et
tomates en salade (trop plein de tomates ?)
13h00 : alors que nous sommes au café et imaginons notre soirée de
gala qui se tiendra dans le grand salon à 20h, le Second vient nous
apporter un message : nous devons débarquer ce soir, juste après le
dîner car le bateau repartira durant la nuit...
Nous regrettons cette precipitation qui va nous priver de notre
dernière soirée officielle de voyage tous ensemble à bord... Un peu
tristes nous partons ranger un peu nos affaires et nous organiser.
Gaspard a les larmes aux yeux.
13h30 : nous faisons une première virée aux véhicules pour éviter
la cohue ce soir.
14h15 : nous allons visiter le pont (poste de commandement), les
enfants sont séduits ! Ils ont même le droit de conduire un peu ce
qui nous fait tanguer...
15h00 : dernières siestes, DVD, lecture sur le pont.
Nous passons entre des plateformes pétrolières et d'autres navires.
Nos allemands amoureux d'Afrique font le plein de soleil, les enfants
sont un peu chose... Et nous tous aussi en fait !
17h00 : douches, ultimes rangements.
Le bateau entre doucement dans le canal, vers le port.
18h00 : spaghettis à l'ail + poulet-frites + fromage + pâtisseries
On fait une ovation au chef et à nos serveur et stewart qui ont
vraiment été adorables.
Ils prennent des photos avec les enfants.
Nous prenons quelques dernières photos de groupe, puis andiamo, on
nous attend en bas !
19h00L'équipage nous aide à porter nos affaires, tout le monde nous
fait de grands adieux. En quelques minutes nous sommes tous hors du
bateau, nous attendons notre agent. Le temps de remettre sur le toit
vélo et roues de secours, de vider quelques sacs plastiques et nous
partons pour nos dernières formalités douanières. L'équipage nous
fait de grands signes depuis le pont.
Finalement les douaniers n'ont pas l'air passionnés par notre cas et
nous ne sortons même pas un passeport, nous voilà à terre et en
Europe !
20h07 : nous nous garons tout simplement sur le parking poids-lourds
devant le poste de douane. Nos amis allemands partent, à la recherche
d'un hôtel.
20h43 : nous buvons les quelques bières qui trainaient dans nos
camions tandis que les enfants jouent. Il fait très bon.
22h30 : tous crevés, sous le coup de l'émotion sans doute, nous
allons nous coucher.
Demain nos hollandais remontent vers la Belgique, et nous passons à
Grenoble embrasser les Henormes, rencontrés à Oman, et leur rapporter
la tonne de livres que Louise a envoyé aux enfants en israël.

Xtophe va mieux depuis que nous avons posé le pied sur la terre ferme.
Moi je dors beaucoup moins bien sans le bercement de la mer (psy de
comptoir s'abstenir).
Gaspard finalement accepte de rentrer à Biarritz et il est heureux
depuis qu'il a découvert qu'il peut désormais tout lire et tout
comprendre, il ne s'arrête plus et s'extasie de ses nouveau super
pouvoirs.
Ulysse est très impatient d'être à la maison.
Léon est un peu grognon et se demande ce qui l'attend.
Rachel est partagée mais la visite aux Henormes de Grenoble la
réjouit et nous sommes tous excités et un peu étonnés aussi, il va
nous falloir un peu de temps pour nous réadapter à ce qui ne nous est
plus si familier. Nous sommes saoûlés par toutes les informations qui
nous arrivent, tout comprendre autour de soi est épuisant !

En tous cas cette traversée aura constitué une parfaite transition,
en plus de nous avoir permis de passer d'excellents moments avec les
autres voyageurs avec lesquels nous avons formé une belle équipe, et
d'avoir pris facilement 3 kilos qui feront plaisir à nos mamans... que
nous allons bientôt embrasser !






lundi 9 juillet 2012

L'odyssée des Toqués en Méditerranée



Jeudi 5 juillet J1


7h00 : tout le monde est réveillé, la nuit a été très mauvaise sur le parking devant le port, entre les trains et l'excitation générale.
Notre bateau, le Spes-Palermo de chez Grimaldi est là sous nos fenêtres. Nous bouclons nos sacs (en plastique, tres chic : nous n'avons pas de bagages), changeons nos derniers chekels, rentrons vélo et roues qui étaient sur le toit, calons bien le contenu de notre Toqcar.

8h30 : nous réglons les derniers détails à l'agence Allalouf.

8h50 : c'est parti, nous suivons notre agent(e) qui nous assiste totalement dans toutes les
démarches, ce qui les simplifie largement.

10h02 : nous nous garons devant notre bateau, énorme. "Welcome on board !" l'équipage est occupé à faire descendre des voitures neuves, des containers, mais les marins nous voient arriver avec amusement.
10h26 : nous découvrons nos cabines qui nous paraissent luxueuses,équipées d'un coin salon, d'un frigo, d'une TV et d'une salle de baintrès confortable.
11h04 : les autres passagers viennent nous accueillir et nous sommesfous de joie : un couple d'allemands termine la remontée d'Afrique enun an et en Land Rover et une famille néerlandaise rentre après 14 mois sur les routes d'Amerique du Nord et d'Afrique ; ils ont 2 fils de 13 et 8 ans !
12h00 : le déjeuner est servi au mess des officiers. Nous nous jetons sur l'assiette de charcuterie et de crudités... qui est suivie d'un gratin de pâtes PUIS de viande et légumes. Nous n'allons pas mourir de faim.
14h00 : les uns tentent une première sieste tandis que les autres rejoignent les marins et passagers qui surfent sur le pont, captant les wifis du port.
15h08 : nous devons tous descendre pour terminer les formalités douanières avec l'immigration. Petit moment de stress lorsque les mini douanières à crinière, lunettes noires et air méprisant-blasé (qui doit leur sembler important pour assoir leur autorité) découvrent tous nos visas, nous demandent pourquoi nous sommes allés dans tous ces pays, et évidemment surtout "Pourquoi l'Iran ???!!!!???". Je ne sais quelle image de l'Iran on met dans l'esprit des jeunes israéliens mais impossible pour eux d'imaginer qu'on puisse aller visiter l'Iran, pour le plaisir. Et nous évitons de dire à ces bébés galonnés mais à l'esprit pas encore vraiment formé, que nous y sommes allés deux fois, et que c'est sans doute notre pays préféré. Elles ont quand même passé un coup de fil pour vérifier que notre histoire était plausible.
15h28 : nos passeports sont tamponnés, nous avons le droit de quitter Israël.
16h12 : essayage des gilets de sauvetage, consignes de sécurité, très rassurant...
17h17 : le navire quitte le port, nous continuons à nous raconter nos voyages, à échanger des anecdotes.
18h00 : mieux qu'à la maison de retraite : c'est l'heure du dîner
Léger évidemment : soupe de raviolis, poulet frites, fromage, glaces.
19h25 : un des officiers nous rappelle que le capitaine va arriver, nous déguerpissons ! L'équipage philippin est adorable. Les officiers italiens sont globalement... polis. Le capitaine est capricieux. Il nous salue à peine et si nous avons le malheur de traverser le mess durant son dîner, il pique une crise ! Merveilleux... Nous imaginons de quelle manière il traite son équipage...
19h29 : peu importe l'humeur du capitaine, la croisière s'amuse et se retrouve sur le pont, et même à la proue du navire. Coucher de soleil en pleine mer tandis que les plus jeunes regardent des dessins animés ou jouent dans leurs cabines.
21h00 : chacun regagne ses pénates. Première nuit à bord, très agréable entre le bercement et le ron-ron du moteur. Un peu l'impression d'être à la maternité dans mon petit lit avec mon Léon qui ronfle dans le lit du dessous, les bruits de l'équipage dans le couloir. En mer c'est la mère qui perd le Nord...


Vendredi 6 juillet, J2

Grand soleil, mer calme, capitaine de bonne humeur, mal de mer pour Xtophe.
7h53 : les Toqués sont à la table du petit déjeuner. Jambon et pain à l'huile.
8h45 : nous refaisons toujours le monde mais les enfants passent avec leurs affaires de classe pour s'installer au salon...
8h50 : Ecole internationale marine dans le salon des passagers.
10h : recréation sur le pont, Baby-foot
11h30 : le dernier Toqué termine son travail
12h00 : tortellinis à l'oeuf et aux lardons + calamars en sauce aux pommes de terre + steak au fromage et courgettes + fruits
13h30 : sieste pour les uns, jeux pour les autres, lecture à la proue du bateau pour les derniers. Premiers dauphins en vue mais pas de terre.
16h30 : Baby-foot sur le pont. Promenade en poussette pour Léon, par mesure de sécurité (les enfants n'ont pas le droit de sortir seuls, même les grands, c'est un cargo, la rambarde est minuscule)
17h03 : Léon termine son goûter, Gaspard se réveille de la sieste.
17h30 : ah tiens, il est temps de se préparer pour le dîner. Les mecs regardent le tour de France sur une chaine italienne.
18 h 00 : soupe de coquillettes + tomates-mozarella + bœuf bouilli sauce aux herbes-concombres + fruits (ils sont fous ces romains !)
19h27 : heure du capitaine, nous filons sur le pont. Coucher de soleil.

20h37 : grand salon : les Kremer nous racontent le début de leur voyage en photos.
21h48 : tous au lit, une rude journée nous attend demain !
Nuit un peu fraîche.


Samedi 7 juillet, J3

Grand soleil, un peu frais, terre en vue (îles grecques), humeur du capitaine incertaine.
7h49 : heureusement Ulysse est venu nous réveiller ou Léon et moi aurions manqué le petit dej.
8h00 : café au lait, pain à l'oignon, saucisson.
8h47 : Ecole internationale dans le grand salon. Xtophe et Léon font la lessive (lave-linge et sèche-linge à disposition !)
10h00 : recréation sur le pont, il fait frais ! Rachel a fini son travail, Ulysse refait son power-point.
10h40 : Gaspard termine l'école.
10h45 : Baby-foot, promenades sur le pont, il fait frais !
12h00 : risotto, poisson, steak haché-salade, fruits
13h30 : sieste, jeux vidéo, lecture au soleil, îles et bateaux se multiplient.
16h30 : Baby-foot, observation des îles grecques, mouettes et bateaux, tentative de réparation du sèche-linge.
Étonnés nous remarquons que nous avons hissé le pavillon turc.
18h00 : spaghettis, pizza, steak grillé, fruits.
19h27 : les enfants regardent Narnia (en anglais), les parents regardent le soleil se coucher (en anglais). Nous croisons un bateau de croisière.
20h30 : nous regardons des films du voyage des Kremer.

21h45 : Léon tombe de sommeil, nous allons nous coucher. Nuit fraiche.



Dimanche 8 juillet, J4, côtes turques, mer de Marmara

Soleil mais brouillard. Chaleur.
8h00 : petit dej, avec du jambon à taches blanches et pistaches incrustées (?!)
9h00 : Ecole internationale maritime. Xtophe fait de la maintenance informatique. Léon râle.
Ulysse trouve cette routine étonnante, pour la première fois depuis un an nous savons exactement à quelle heure et où nous allons manger, travailler, nous promener, dormir, c'est certes rassurant mais il se demande si ça va être supportable à la longue...

10h00 : récréation sur le pont. Baby-foot. Il fait chaud et lourd. Le bateau est arrêté dans l'attente de l'autorisation d'entrer au port.
10h30 : fin de la récréation
11h00 : fin de l'école pour le dernier Toqué.
12h00 : assiette de charcuteries + sortes de gros raviolis fourrés aux épinards (dont j'ai oublié le nom, très bons) + steak et chou-fleur + fruits.
13h30 : nous observons les manœuvres nous permettant d'accoster pour quelques heures au port de ?
Gaspard est prêt à éclater en sanglot, il croit que nous sommes déjà en Italie alors que nous lui avions annoncé que la traversée durerait 9 jours. Il ne veut pas rentrer.
Nous devons faire sortir nos véhicules du bateau, Vincent, Klass et Ulysse en profitent pour aller pêcher.
Sieste pour Léon et Gaspard qui se remet de ses émotions, DS pour Rachel et Georges, lecture pour TT.
Des voitures montent sur le bateau, bruit impressionnant.
16h30 : réveil, Baby-foot, Observation des alentours.
Ulysse organise un grand championnat de Baby-foot, tirage au sort des équipes, il fait un tableau Excel (non ce n'est pas mon fils !)

18h00 : soupe de légumes et pâtes + escalopes pommes frites + fromage + gâteau au chocolat.
19h06 : le capitaine est en avance !
19h28 : coucher de soleil, on est toujours au port.
19h45 : La balle du Baby-foot est tombée par-dessus bord, c'était la dernière...
20h20 : projection des photos de nos allemands, magnifiques. Gaspard veut aller en Afrique immédiatement.
22h03 : au lit !

Manœuvres durant la nuit, fraîche, nous accostons au port de Gemlik.
 

lundi 9 juillet, J5, Gemlik, Turquie

Grand soleil, chaleur

7h55 : au petit déjeuner nous apprenons que nos laisser-passer sont prêts, nous pouvons descendre jusqu'à 15 h !

jeudi 5 juillet 2012

Les Toqués à l'abordage du Spes-Palermo



Il est là, nous sommes prêts, sauf Gaspard qui finalement ne veut
plus rentrer.
Mais nous avons toute la traversée pour le convaincre.

C'est parti pour une nouvelle odyssée !
Vous pouvez achever vos tapisseries, nous trouverons notre route.

mardi 3 juillet 2012

J-1 avant le Batoqcar

Drôle de drôle de période chez les Toqués.
Nous comptons les jours, les heures.
Après une année, notre voyage touche à sa fin.
Certes, il nous reste cette aventure nouvelle de la traversée de la
mediterannee en cargo, sur lequel nous embarquons demain, et ça promet
d'être quelquechose. Certes il nous restera ensuite quelques jours de
route entre l'Italie et Biarritz. Mais ce ne sera pas pareil, nous
serons déjà un peu chez nous.
Le sentiment qui prédomine à bord est quand même l'impatience et la
joie du retour. Nous avons tous envie de retrouver famille et amis,
maison, lieux familiers, activités, engagements et tout ce que nous
aimons tant dans notre vie.
Après 7 semaines en Israel, même si nous avons adoré notre séjour
dans ce pays si particulier, notamment grâce aux amis que nous y avons
retrouvés et à ceux que nous y avons trouvés, il est temps de
larguer les amarres.
La semaine (nous ne connaissons toujours pas exactement la durée de la
traversée) que nous allons passer à bord va nous permettre de
digérer (si le temps n'est pas trop mauvais) cette année incroyable
que nous venons de vivre, d'en dresser le bilan, d'en tirer des
conclusions et d'établir nos plans pour la suite.
Mais il y a aussi un peu de nostalgie dans l'air, toutes ces
"dernières fois" des derniers jours, ces rangements, tris...  Un peu
d'excitation inhabituelle aussi chez les enfants, qui comme par
hasard, passent plus de temps que d'habitude dans le Toqcar alors que
nous sommes en bord de mer.
Nous sommes entre deux états, entre deux eaux, entre deux aventures.
Mais nous n'avons jamais été si proches de notre terre promise !

lundi 2 juillet 2012

Le 7ème jour



Le shabbat à Jérusalem, les Toqués adorent.
Le vendredi matin, la ville est en effervescence. Les terrasses de
café sont remplies, chacun nettoie sa maison, vide ses poubelles et
surtout... va faire ses courses. Les courses le vendredi matin ici
comme dit Ulysse c'est comme si c'était le 23 décembre chaque
semaine. Des magasins pleins, des caddies pleins, des queues
interminables aux caisses. Nous nous faisons avoir à chaque fois,
novices que nous sommes.
Ceci-dit certains ont trouvé la solution et font leurs courses... la
nuit ! Le jeudi soir certaines grandes surfaces ouvrent toute la
nuit ! Je sais c'est dingue, ils sont fous ces israéliens, mais j'en
connais au moins un qui adore y aller à 2h du matin, avec du hard-rock
dans les oreilles (je vous ai déjà dit que les israéliens étaient
de grands calmes non ?).
Le vendredi midi, les terrasses sont de nouveau pleines, les enfants
sortent de l'école, de la crèche ; l'apres-midi tout le monde s'agite
et puis en fin de journée le rythme ralentit, ralentit et aux
alentours de 18h tout s'arrête. J'imagine à ce moment là
l'effervescence dans les maisons étant donné que selon la tradition,
tout doit être prêt, puisque pendant le shabbat, on ne doit rien
faire.
A l'heure du shabbat, quand sonne la trompe (la trompe? La corne ?),
tous les commerces sont fermés, les rues sont vides, la circulation
quasi inexistante. Plus de moteurs, plus de klaxons (quand le feu
passe au vert ici on klaxonne, c'est un réflexe je pense, à moins
qu'on ne l'apprenne à l'auto-école ?) plus personne. Puis petit à
petit les familles endimanchées, non pardon, shabbatisées,
apparaissent dans les rues, à pied, en famille pour aller dîner.
Nous avons eu la chance d'être de nouveau invités chez Monsieur et
Madame B (le hard-rockeur des supermarchés !), et c'est une chance
parce que le dîner de shabbat, pardon maman, mais ça vaut largement
le déjeuner dominical. Amis et famille se réunissent, Gaspard peut
arborer sa kippa pour la prière (qui s'apparente à notre
bénédicité - version sérieuse pas version scoute
laroupélatatchoum) durant laquelle le maître de maison lit la Torah,
puis on boit à la coupe, chacun la faisant passer aux membres de sa
famille (Ulysse, bon chrétien, a hésité la première fois, pensant
que c'était du vin), puis après sa "bénédiction" on goûte tous le
pain de shabbat qui tient davantage de la brioche (et celui de Madame
B est un régal). Le dîner est ensuite délicieux et copieux et s'il
n'y avait les enfants on ne partirait jamais, occupés que nous sommes
à nous régaler, rire et refaire le monde (et résoudre les conflits
du Moyen Orient, mais il va falloir plusieurs shabbat... ).
Parce qu'au delà de la dimension familiale amicale et gustative, nous
apprécions le principe même du shabbat. Qui est finalement celui des
dimanche de notre enfance.
Ceux qui respectent totalement et à la lettre les principes religieux
ne peuvent alors quasiment rien faire. La nourriture doit être prête
puisqu'on ne cuisine pas. On n'allume pas le feu, on ne touche pas aux
lumières, on ne prend pas sa voiture, on ne touche pas aux outils
modernes.
Évidemment tout ceci est adapté d'abord parce qu'on ruse : les fours
sont programmables, les maisons sont equipees d'un chauffe-plat, les
ascenseurs ont des modes "shabbat" et s'arrêtent à tous les étages
(on ne peut appuyer sur le bouton mais on peut y monter), les lumières
des maisons sont programmées pour s'eteindre à une certaine heure. Et
puis beaucoup respectent l'essentiel et surtout l'esprit du shabbat
sans pour autant tomber dans l'extrême, toujours un peu drôle vu de
l'extérieur.
Il y a aussi des choses étonnantes du coup et nos réflexes en
prennent un coup : on se dit qu'on va en profiter pour aller au
restaurant, mais ils sont tous fermés. On se dit qu'on va aller dans
la vieille ville mais les bus ne circulent pas (et les minibus arabes
sont tous pleins : pour le sabba, les musulmans vont prier ! Oui je
sais toutes les religions se rejoignent toujours... Si ce pouvait être
un lien...). Les manifestations culturelles s'arrêtent également. La
vie et son agitation sont en suspend. Et reprennent le samedi soir.
Lorsqu'en fin de journée, les familles, en hyperglycémie, chemises un
peu moins blanches pour les garçons et kippas de travers, regagnent
leurs maisons après la promenade digestive au parc ou aux alentours,
soudain, tout reprend son cours.
Les rues se remplissent de voitures, on compense en klaxonnant de plus
belle, les cafés et restaurants ouvrent et réinstallent leurs
terrasses, joggeurs et marcheurs arpentent les rues et c'est reparti
pour une semaine de folie.
Nous aimons l'esprit du shabbat, l'idée qu'on ne doit rien faire sinon
manger, se retrouver, discuter, prier, se reposer, celui du 7ème jour,
celui du sabba, celui du dimanche avant qu'on ne réussisse à nous
convaincre que consommer était la seule occupation possible, et
nécessaire (et valable) lorsqu'on ne travaille pas, et que ne rien
faire serait temps perdu (fichue "valeur-travail"). Alors que nous,
après l'avoir pris durant une année ce temps que nous nous refusons
si souvent pour de si mauvaises raisons, nous savons qu'il est
précieux.
O temps suspends ton vol...

mardi 26 juin 2012

TTélégramme de TTel Aviv

Les Toqués retrouvent le Nord.
Stop.
Changement de programme : J-7 avant embarquement.
Stop.
Préparez merguez, ventrèche, calendos et pinard.
Stop.

lundi 25 juin 2012

Le 6eme shabbat




Comptons comme Rachel :

1er shabbat : Sur les rives du lac de Tiberiade
2nd : au kibbutz Gaddot avec les S.
3ème : dans le Negev
4ème : à Jerusalem chez La famille B.
5ème : retour au kibbutz avec nos S. préférés.
6ème : à Césarée.

Césarée est un très beau site, notamment en raison de sa situation,
sur les rives de la Mediterranée. Hérode a construit la cité qui a
ensuite été reprise par les romains puis les juifs puis les musulmans
puis les byzantins, de quoi s'y perdre, chacun transformant le temple
en synagogue, mosquée ou église et laissant derrière eux des ruines
assez bien conservées malgré les guerres et les catastrophes
naturelles.
Forts de notre expérience du shabbat, (et du sabba depuis... 5 mois)
nous nous sommes planqués sur le parking, juste devant l'antique
cité, attendant que les honnêtes travailleurs repartent au turbin et
nous laissent la place, et la plage surtout, libres.
Avant Césarée nous avons visité Safed, ville mystique et ville des
artistes, charmante mais dangereuse car à chaque coin de rue on manque
de se faire piétiner par un des groupes d'adolescents américains qui
arpentent le pays. Puis nous avons passé une nuit à Nazareth. C'est
la plus grande ville arabe d'Israël, à l'architecture mochissime,
mais la Basilique de l'annonciation, moderne, est simple et belle.
Nous avons pu aussi visiter le "centre international de Marie", très
bien situé et qui offre une belle vue sur la ville. L'architecture du
lieu est intéressante, la communauté qui l'occupe accueillante et
chaleureuse. Ils proposent un parcours multimédia techniquement
intéressant, gaspard a apprécié les differentes salles, les effets
spéciaux, mais historiquement et religieusement un peu (très) au ras
des pâquerettes. Toutefois le lieu vaut le détour ne serait-ce que
pour discuter avec ceux qui y vivent et le font vivre et nous ont
offert une visite privée alors qu'ils étaient fermés pour entretien
et mises au point techniques.
Finalement c'est surtout le simple fait d'être à Nazareth qui nous a
plu. Et le grand concours entre clochers et minarets à la nuit tombée
vaut le détour.
Nous sommes maintenant à Rosh Hanikra, tout au Nord d'Israël, à la
frontière libanaise. Nous avons investi dans l'indispensable mini-
barbecue dont le monde arabe (et juif) semble muni, et nous visitons
les environs tout en bouclant les programmes scolaires ou cahiers de
vacances, et en organisant à distance notre retour à la vie sinon
normale du moins biarrotte.
Shabbat shabbat chabada, mais vous rentrez quand les Toqués ?
Nous rentrons... Bientôt.
Nous n'avons jamais été aussi proches du retour.
Nous tâchons actuellement de vider nos placards, de venir à bout de
nos réserves de conserves, nous commençons tous à imaginer avec
plaisir cette nouvelle aventure que sera le retour à la case départ.
Et nous rentrons par la mer. L'ultime aventure de notre grande
aventure va se dérouler durant une semaine à dix jours, à bord d'un
cargo qui va nous permettre de rallier Israël à l'Italie du Nord. Le
Toqcar sera bien rangé entre des containers et autres marchandises, et
nous occuperons 3 des 6 cabines qu'offre notre navire. Durant 7 à 10
jours nous prendrons nos repas au mess des officiers et vivrons au gré
des escales qui nous permettront peut-être de toucher du pied la
Turquie, la Slovenie et autres ports européens.
Logés, nourris, blanchis durant une bonne semaine, je peux vous dire
que l'équipe d'intendance du Toqcar s'en réjouit pleinement !
Mais voilà, notre navire n'est pas un navire de croisière et le fret
est capricieux. Nous avions demandé un départ au cours de la
première semaine de juillet. Il y a quelques temps on nous
l'annonçait pour fin juin à Haifa. Désormais il est programmé le 10
juillet à Ashdod. Je pressens des changements jusqu'à
l'embarquement...
Alors voilà, nous rentrons c'est sûr. Très bientôt c'est certain.
Quant à vous donner une date exacte, je crois que ce sera une surprise
pour tous !
Après une année,  nous ne sommes plus à un jour près.
Plus que 2 shabbat avant notre embarquement, franchement, c'est pas la
mer à boire (ou à traverser) !

mercredi 20 juin 2012

Le véritable voyage d'Ulysse


Nous sommes de retour au kibboutz, chez les archéologues qui ont énormément avancé en notre absence et je laisse Ulysse vous raconter un peu ce qu'ils fabriquent ici. (papa clique sur le lien)

Je me contenterai simplement de remercier la diplomatie française, le CNRS, les étudiants danseurs et L.B.

mardi 12 juin 2012

Syndromes de Jerusalem

Depuis que nous sommes dans la ville Sainte, nous sommes touchés par plusieurs syndromes. Après une toux nocturne terrible de Léon, un épisode fiévreux de Gaspard, un énorme rhume d'Ulysse, une rage de dent pour moi-même et un virus intestinal de Rachel (toujours très agréable dans le camping-car...), nous manquons un peu de sommeil. Mais nos troupes courageuses ne sont pas prêtes pour si peu à renoncer à visiter la ville, d'autant que nous pouvons aussi nous reposer chez nos amis amateurs de cailloux et d'os chez lesquels nous établissons nos quartiers l'après-midi pour faire la sieste, un peu d'école, bouquiner, surfer et reprendre des forces pour le lendemain.
Mais pour le moment, aucun d'entre nous n'a été atteint du vrai syndrome de Jerusalem. Effectivement chaque année une centaine de personnes ressent ce syndrome et une quarantaine est hospitalisée dans un service spécial. Il s'agit tout simplement d'un élan mystique qui fait perdre toute raison durant quelques jours. Ce syndrome se manifeste par une empathie excessive avec les lieux saints, les symptômes les plus fréquents sont l'obsession de se purifier le corps, la confection de toges à partir de draps, la déclamation de passages de la Bible et de chants religieux, des hallucinations...En général les patients s'identifient avec des personnages de la Bible ou se sentent investis d'une mission divine (ce qui pose parfois problème lorsque plusieurs messies se trouvent en présence les uns des autres). En général au bout de quelques jours les patients récupèrent le sens des réalités. Ce syndrome touche surtout les juifs puis les chrétiens.
Aucun Toqué n'a été touché à ce jour, même si Xtophe lui-même reconnait que l'atmosphère des lieux saints pousse à l'élan mystique. Notre Gaspard, lui, fait surtout une fixation sur la kippa, qu'il rêve de porter en permanence depuis qu'il en a porté une au mur des lamentations.Vendredi nous étions invités dans une famille franco-israelienne pour le dîner de shabbat. En arrivant là-bas, il s'est écrié : "Mais pourquoi tu ne me laisses pas porter ma kippa, regarde, tout le monde en a une !". Heureusement Daniel lui en a prêté une qu'il a pu porter non seulement pour la prière mais pour toute la soirée, il a même repéré son modèle préféré qu'il s'est empressé de s'offrir ensuite. Nous avons d'ailleurs passé une excellente soirée, avons appris beaucoup de choses sur Israël, le judaisme, nous sommes régalés, en plus de découvrir l'atmosphère particulière du shabbat dont je vous reparlerai. Nous avons réexpliqué à Gaspard qu'il n'est pas juif et donc ne peut porter la kippa en permanence. Et hier, en descendant dans la rue, regardant autour de lui, soudainement, il a été pris d'une illumination : "Mais mais mais... ils ont tous des kippas... mais... ils sont tous juifs ici ou quoi ???". A chacun ses révélations, chacun à son rythme, c'est ça aussi le voyage !